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A cette heure, les hommes sont partis aux
champs. Et face aux étrangers, les femmes se
cachent. Vêtues de molas (tissus brodés
colorés), parées de bracelets de perles aux
chevilles et aux poignets, le nez cerclé d'un
anneau d'or, quatre Indiennes ouvrent leur
porte. La conversation s'avère difficile. A
Puerto Lindo, on ne parle pas l'espagnol.
Originaires de la sierra Nevada au nord de la
Colombie, les Kunas sont aujourd'hui au nombre
de 50 000, mais peu d'entre eux sont restés
isolés dans la forêt tropicale du Darien. Ils
vivent surtout de l'autre côté du pays, dans
l'archipel des San Blas sur la côte Caraïbe. Ils
y ont implanté leurs villages parmi les trois
cents îlots paradisiaques et ont réussi à
maintenir au fil des décennies une autonomie
politique et culturelle rare dans l'Amérique
centrale d'aujourd'hui. Fiers et indépendants,
ces Indiens n'ont cessé de résister avec succès
aux envahisseurs et aux colonisateurs venus
d'Europe. Leur «révolution» date surtout de
1925, date à laquelle ils boutèrent les
Panaméens hors de leur territoire grâce à une
intervention américaine: il fallait éviter tout
désordre à portée du canal de Panama.
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